LES CHEVEUX D'OR
un film d'Alfred HITCHCOCK
(1926)

 

Les cheveux d'or
Jaquette du film

Affiche Française
Affiche de l'époque

Période anglaise muette d’Hitchcock (évoquée ci-après),

FICHE TECHNIQUE

Résumé

Titre original
The Lodger

Réalisation
Alfred HITCHCOCK

Scénario Alfred HITCHCOCK et Eliot Stannard
D'après une histoire de Marie Belloc-LowndesAssistant réalisateur ?

Producteur

Directeur de la photo Alfred HITCHCOCK

Musique

Montage


Chargé de production

Directeur de production

PAlfred Hitchcock Inc.

Décors

Costumes

Maquillage

Ingénieur du son , film muet



Effets spéciaux

Production

GB

Distribution

Durée
70 minutes

The Lodger

Une idylle semble s'amorcer

Le scénario a été tiré par Hitchcock lui-même d’une pièce à succès de Mrs Belloc Lowndes. Exploitant le souvenir mythifié de Jack l’éventreur, le film immerge le spectateur dans l’épais brouillard londonien, où toutes les formes se dissolvent, créant une atmosphère des plus lourdes. Londres est alors en émoi et les journaux sont couverts d’énormes manchettes : l’assassin, qui s’attaque toujours aux jeunes femmes blondes et signe ses crimes " The Avenger " [le Vengeur], vient à nouveau de frapper ! " Dans une pension de famille du quartier où opère habituellement l’assassin, arrive un étrange jeune homme. Malgré un comportement déroutant et inquiétant, la beauté ténébreuse du nouvel arrivant conquiert le cœur de la jeune fille de la maison — blonde, faut-il le préciser —, au grand dam de son fiancé, un policier .

La suspicion gagne autour du locataire qui a l’habitude de sortir en cachette la nuit, le jour et à l’heure précisément où opère le criminel. Une perquisition, menée par le fiancé-policier, révèle les pièces maîtresses de l’accusation : un revolver, un plan du quartier où sont indiqués les endroits précis des précédents meurtres, des coupures de presse et la photo d’une jeune fille blonde qu’il prétend être sa sœur assassinée ! C’est avec un plaisir non dissimulé que le fiancé passe les menottes aux mains du locataire qui doit descendre l’escalier sous les regards des logeurs muets. Arrivé dans la rue, il parvient à s’échapper et fuit dans le brouillard, essayant de dissimuler ses mains aux regards des passants. La jeune fille vient le retrouver sur un banc public et lui offre la protection d’un large manteau. Il lui raconte qu’il traque le meurtrier de sa sœur pour la venger. Mais la foule reconnaît bientôt l’homme menotté et, devenue meute, s’apprête à le lyncher. Dans une fuite éperdue, il accroche accidentellement ses menottes au sommet d’une grille qu’il tentait de franchir, restant ainsi suspendu (tel le Christ en croix, souligneront les exégètes) et en butte aux menaces de plus en plus directes de la foule. Le dénouement arrive à la dernière seconde, sous la forme d’un coup de téléphone de Scotland Yard annonçant à la police locale l’arrestation du criminel. La foule excitée manifeste sa déception de voir sa proie lui échapper et assiste à la libération du malheureux jeune homme qui aura bientôt la compensation de convoler en juste noces avec la jeune fille.

Le tueur masqué

Le locataire

Les débuts d’Alfred Hitchcock ou les vertus pédagogiques des scénarios médiocres

Les films qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque la filmographie d’Hitchcock sont bien évidemment ceux de la période américaine. Plus encore que ses films anglais des années 30, ceux de la période muette sont presque complètement tombés dans l’oubli.

Il faut noter le peu d’enthousiasme que manifestent généralement les chaînes de télévision et les salles d’Art et d’Essai à l’idée de programmer des films muets.

Le troisième film d’Hitchcock, The Lodger (1926), exploité en France sous le titre de L’Eventreur, a rendu d’emblée son metteur en scène célèbre. Le film n’a toujours pas une ride et, bien que je l’aie vu récemment, sa projection à Sacile m’a procuré un plaisir renouvelé, celui que produisent les meilleures réussites de la période américaine de son auteur. Hitchcock semble être parvenu au sommet de son art, tant le film fonctionne parfaitement, tel un mécanisme d’horlogerie suisse où rien ne manque et où rien n’est en trop.


Hitch à l'époque de ses débuts
Le scénario de
The Lodger pourrait se résumer à une simple question : le locataire est-il le tueur ? Et comme on sait qu’il est d’usage dans les romans policiers d’orienter tous les soupçons du lecteur sur un innocent afin de créer la surprise finale, la réponse ne peut être que " non ". Ainsi désossé, le scénario parait passablement plat et l’on s’étonne alors que Hitchcock ait réussi à en tirer un si remarquable film. L’intérêt vient de l’habileté du traitement et en particulier des détails savamment orchestrés qui tissent une toile où l’intérêt du spectateur est bientôt solidement capté. Ainsi, une enseigne lumineuse s’éteint et s’allume au début du film : " To-night, golden curls " (Cette nuit, boucles blondes), tandis que l’on nous apprend que les victimes sont toujours des jeune filles blondes. La répétition de cet élément fait monter la tension chez le spectateur. Lorsque, dans un tête-à-tête du locataire et de jeune la fille de la maison, celui-ci caresse ses cheveux en lui déclarant : " Beautiful golden hairs ! ", le spectateur est renforcé dans ses soupçons et ressent un frisson en songeant au danger que celle-ci encourt. A la fin, lorsque le véritable coupable est arrêté, nous revoyons, comme une menace désormais désamorcée, l’enseigne lumineuse du début.
The Lodger, c’est aussi une presse à sensation omniprésente, qui entretient l’angoisse d’une foule à la fois craintive et fascinée par le meurtrier (on pense parfois à
M. le Maudit ). Le film tire toute sa force du pouvoir des images — gros plans rapides sur des visages et des objets hautement signifiants ou symboliques, scènes nocturnes influencées par l’expressionnisme allemand — et le recours aux intertitres s’en trouve ainsi considérablement réduit. Cette extrême économie littéraire à laquelle Hitchcock s’est astreint dans ses films muets l’a conduit à une rigueur narrative et à une précision dans la direction d’acteurs auxquelles devront beaucoup ses meilleurs films sonores. Le rôle du locataire est fort bien servi par Ivor Novello, séduisant jeune premier alors fort en vogue, auquel Hitchcock fera à nouveau appel dans Downhill, l’année suivante.

L'acteur Ivor Novelo

Les interprètes

Le locataire
Mrs Bunting
Mr Bunting
June
Malcolm Keen

Ivor Novello
Marie Ault
Arthur Chesnay
Daisy Bunting
Joe Betts

Ivor Novello
Marie Ault
Arthur Chesnay
Daisy Bunting
Joe Betts